III- L'immunodéficience causée par l'anorexie mentale

  Les déficits immunitaires, ou immunodéficiences, sont des « réponses » insuffisantes du système immunitaire. Il en existe deux types :

• primaires : causés par des problèmes génétiques,

• secondaires ou acquis : plus fréquents, et causés par des facteurs extérieurs à l'organisme. Parmis eux, les dénutritions.

     L'anorexie fait donc partie des déficits immunitaires acquis, et contribue à une prédisposition exagérée aux infections.

     Le corps d’une anorexique a une capacité d’adaptation fabuleuse à la faiblesse des apports de nourriture. Le corps organise des stocks de nutriments et y a recours en cas de nécessité. Ainsi, jusqu’à un certain stade, les anorexiques ne sont pas plus malades que des personnes ayant des apports nutritifs témoins. Mais à partir d’un certain déficit, de certaines carences, elles atteignent un stade critique dans lequel la moindre infection attrapée devient très grave. Plus globalement, le corps s’adapte aux faibles apports en diminuant son fonctionnement : le cœur ralentit, la température baisse, les graisses fondent… Le corps à donc une certaine tolérance à l’amaigrissement.

     L'anorexique refusant de s'alimenter manque d'apports nutritionnels, ce qui créée des carences (souvent très importantes), pouvant avoir de graves conséquences sur l'organisme, qui peuvent aller jusqu'à la mort.

• Les carences ayant pour conséquences les déficiences immunitaires les plus nettes sont celles en vitamines. Il existe deux sortes de vitamines : les vitamines liposolubles (les vitamines A, D, E, K1 et K2) et les vitamines hydrosolubles (les vitamines B1, B2, B3, B5, B6, B8, B9, B12 et C).

                           -La vitamine B6 est indispensable à la synthèse des protéines. Ces protéines entrent dans la constitution des enzymes destructrices de la particule étrangère lors de la phagocytose. Les carences en vitamines B6 induisent donc des déficits dans le mécanisme de la phagocytose.

                    -Les carences en vitamine B2 et B5 dépriment les réponses des anticorps face aux antigènes. Ces derniers ne sont donc pas neutralisés comme chez une personne immunocompétente. C'est donc l'immunité à médiation humorale qui est ici affectée.

                           -Les carences en vitamine B9 ont quand à elles pour effet une diminution des fonctions immunitaires : on observe en effet une baisse de la résistance de l’hôte et des altérations des fonctions lymphocytaires. Or, en cas d'altération des fonctions lymphocytaires , toutes les défenses spécifiques sont diminuées : les immunités à médiation cellulaire et humorale.

                            -La vitamine A est nécessaire à la production des lysozymes. Ceux ci sont indispensables à la digestion lors de la phagocytose.  Une carence en cette vitamine provoque donc un déficit au niveau de la phagocytose et inhibe donc la destruction de particules étrangères.

•  Des carences en certains oligo-éléments et minéraux peuvent également entrainer une déficience de certaines fonctions immunitaires :

                            -Le zinc  participe à de nombreux métabolismes en tant que cofacteur de plus de 200 enzymes et permet l’activité optimale de certaines d’entre-elles. Une carence en cet oligo-élément à des conséquences sur la phagocytose. Par ailleurs, à l’instar des anti-oxydants,  le zinc renforce l’immunité cellulaire, qui sera donc affaiblie en cas de carences.

                             -Le fer est un micronutriment indispensable au système immunitaire. Une carence en fer provoque une chute du nombre de lymphocytes T, c'est donc l'immunité à médiation cellulaire qui est affectée. Ils ont pour cette réponse immunitaire aussi bien un rôle de détecteurs, de déstructeurs et de régulateurs, une abscence de ceux-ci n'est donc pas anodine.

• Une carence en protéines provoque également des déficits immunitaires :

                      -La lactoferrine est une glycoprotéine présente dans le lait. Elle fait partie de la famille des cytokines, elle joue donc un rôle dans l'immunité à médiation cellulaire. Elle possède une forte affinité avec le fer. Lorsqu'elle est délivrée dans les zones d'infections, elle prive donc les micro-organismes et particules pathogènes du fer nécessaire à leur croissance. Une abscence de cette cytokine relacherait l'inhibition et permettrait aux éléments étrangers une croissance plus rapide, leur destruction serait donc plus difficile.

•  L'anorexie provoque aussi plus généralement un déficit énergétique, à cause des faibles apports en calories. La fabrication de la moëlle osseuse est fortement inhibée, il y a par conséquent moins de synthèse des leucocytes par les cellules germinales. Or, les leucocytes, en fonction de leur classification, ont un rôle dans l'immunité, qu'elle soit spécifique ou non spécifique.

     Il est donc démontré que de nombreux apports nutritionnels ont un rôle essentiel dans le système immunitaire, c'est pourquoi les carences des éléments en question ont de graves conséquences sur l'organisme. Mais en cas de carences multiples dues à une dénutrition grave, toutes les voies de défense sont altérées et les anorexiques deviennent alors totalements innofensives faces aux infections.

L'apport nutritionnel recommandé chaque jour des nutriments ayant un rôle au niveau du système immunitaire, chez un homme